Toxicité de l’aliment distribué aux truites

La distribution d’aliment issu de restes de granulés achetés depuis longtemps, peut créer des problèmes de toxicité sur les truites élevées en aquaponie. Retour d’expérience.

Apparition progressive d’une toxicité

Un sac de granulés fabriqué en octobre 2020, a été acheté en décembre 2020. Les truitelles l’ont consommé à moitié. Le reste du sac est stocké dans un vieux congélateur désaffecté, et donc à l’abri des coups de chaleur de l’été 2021. Le reste du sac est distribué aux truitelles à partir de fin février 2022. Au fil des jours, le comportement des truitelles change. Elles s’alignent sur le débit de l’airlift en surface ou sous l’arrivée d’eau du bassin, avec un appétit fortement diminué. Ce comportement évoque un manque d’oxygène. Or la concentration en dioxygène est de 7.5 mg/l. Au bout d’un mois, la coloration de quelques truitelles change avec des plages blanchâtres sur les flancs, sur le dos et sur la tête. Et la plupart refusent de s’alimenter. Ce qui fait également penser à une pollution aux nitrites. Or la teneur en NO2 est à moins de 0.025 mg/l. Il faut donc chercher une autre cause.

Toxicité d’un aliment avec DLUO largement dépassée

Après consultation détaillée des publications de Pierre de Kinkelin, les recherches s’orientent vers l’aliment. En effet, on peut lire « Il convient cependant de signaler que, le plus souvent, c’est la dénaturation des Acides Gras Essentiels par auto-oxydation (rancissement) qui constitue […] un des principaux problèmes de la pathologie nutritionnelle [des poissons]. Le rancissement provoque l’apparition de radicaux libres, d’aldéhydes et de cétones qui tous sont toxiques. La pathologie qui en résulte peut varier dans ses formes. » (Extrait tiré de « L’alimentation et les maladies d’origine alimentaire. Santé des poissons », Sadasivam Kaushik, Pierre de Kinkelin, 2018)

En effet, l’aliment possède une date limite d’utilisation optimale (DLUO : « à utiliser de préférence avant … »). Et l’aliment incriminé devait être utilisé de préférence avant août 2021. Bien que de qualité visuelle impeccable, sans odeur inhabituelle, cet aliment utilisé 8 mois après la date limite, a intoxiqué les truitelles de 60 g (alors que les ombles de 70 g n’ont pratiquement pas extériorisé de signes d’intoxication). Finalement, le changement d’aliment, avec un aliment fabriqué le 28 décembre 2021, a réglé le problème au bout d’une semaine du nouveau régime. Avec le retour à un comportement normal (fort appétit, disparition des taches blanchâtres).

Une date limite d'utilisation optimale (DLUO) à surveiller pour éviter une toxicité sur les truites
Une date limite d’utilisation optimale (DLUO) à surveiller pour éviter une toxicité sur les truites

Gestion de l’aliment en aquaponie domestique

La gestion des achats d’aliment et de leur utilisation en aquaponie domestique doit prendre en compte la DLUO figurant sur les emballages, au risque de voir apparaître des intoxications. Cependant, un achat annuel entraîne nécessairement un dépassement de la DLUO de quelques mois pour le ou les derniers sacs. Car la durée de conservation n’excède pas une dizaine de mois. Toutefois, ce n’est pas un problème si la conservation a été optimale, à l’abri des chaleurs estivales. Donc, ce qu’il faut éviter, c’est de reporter un fond de sac sur l’année suivante, par exemple pour ajuster la taille des granulés au gabarit des truites.

3 Comments

  1. Olivier Bastogne

    Bonjour, merci pour le site. J’ai également eu le cas. Perte d’un ou deux poissons par semaine. Changement de sac et problème réglé. C’est une cause et une question qu’il faut poser quand des pertes sont inexpliquées. Aliment à l’aspect impeccable. Bonne continuation. Olivier

  2. Arnaud

    Merci Jean Claude pour ce retour !
    Arnaud

  3. Anonyme

    Merci pour le retour d’expérience !

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