Un des défis en aquaponie : éviter les dépôts à l’intérieur du bassin à poissons. Les bassins rectangulaires posent particulièrement problème. Au cours de l’année écoulée , des dépôts de fèces dans le système « truites aquaponiques » ont dû être régulièrement enlevés sous peine de voir les truites perdre l’appétit. Voici donc quelques points d’amélioration prévus pour tendre vers un bassin auto-nettoyant.
Diagnostic des causes d’accumulation de fèces
Parmi les 5 points de vigilance, quatre d’entre eux expliquent les dysfonctionnements observés :
- Le débit circulant : l’eau recyclée arrive dans le bassin avec un débit maximum de 15 litres par minute. Et sort du bassin par débordement avec le même débit. Plus ce débit est important, plus les particules sont entraînées. Le débit de 15 litres par minute est faible. L’idéal serait 40 litres par minute. Soit deux fois le volume du bassin renouvelé en une heure.
- Le brassage de l’eau est assuré d’une part par l’airlift interne au bassin avec un débit de 50 litres par minute, et d’autre part par les 20 Kg de truites circulant dans le bassin (17 Kg/m3). Ce point est correct.
- Les obstacles sur le fond : Les tuyaux de cuivre reposent sur le fond du bassin et font obstacle au déplacement des fèces, créant des zones d’accumulation. Sans compter que cela complique le nettoyage manuel.
- La forme du fond : le fond des bassins du système « Truites Aquaponiques » est plat. Il n’y a donc pas de direction préférentielle pour le déplacement des particules lors du brassage occasionné par le déplacement des poissons.
- Le tuyau d’évacuation vers les filtres : l’orifice du tuyau d’évacuation vers les filtres est situé à 23 cm au dessus du fond. Le débit de 15 litres par seconde ne permet pas d’entraîner les particules déposées sur le fond.
Modifications prévues pour tenter d’obtenir un bassin auto-nettoyant
En s’inspirant des analyses et préconisation de la FAO, voici 4 points d’amélioration :
- Débit : cette donnée n’est pas facilement modifiable pour ce système, puisqu’il faudrait augmenter le diamètre des tuyaux de vidange du bac de culture. Par ailleurs, l’augmentation du débit est incompatible avec une recherche d’économie d’énergie. Il va donc falloir se contenter de 15 litres par minute.
- Obstacles sur le fond : les tuyaux de refroidissement sont repositionnés sur une des parois verticales, ce qui libère le fond de tout obstacle.
- Forme du fond : Elle va être reconfigurée avec du sable ,sous la bâche, de façon à avoir un profil en V avec des pentes à 3% et une pente générale du V de 3% également. Ainsi les mouvements des poissons font converger les fèces vers le point bas qui se situe juste sous l’orifice d’aspiration du tuyau d’évacuation.
- Tuyau d’évacuation vers les filtres : la bouche du tuyau d’évacuation vers les filtres est positionnée à 2 cm du fond. Toute particule solide passant à proximité sera ainsi aspirée.
Les résultats observés
Cet article expose un diagnostic et un projet de bassin auto-nettoyant. Reste à vérifier la réalité des bénéfices escomptés. Ces modifications vont s’étaler dans le temps.L’allongement du tuyau d’évacuation est réalisé de suite. Le déplacement des tuyaux de refroidissement interviendra dès la fin des chaleurs, probablement début octobre 2018. La reconfiguration des fonds se fera en janvier 2019 en profitant d’un vide sanitaire entre deux lots de truites.
L’allongement des tuyaux d’évacuation est réalisé le 20/09/2018 et on peut observer au niveau du filtre, l’évacuation des fèces au hasard des mouvements des poissons. Le film ci-contre montre le mouvement des particules lié aux déplacement des poissons et l’aspiration malgré un débit assez faible. On voit également l’importance de déplacer le tuyau de cuivre et de créer une légère pente pour permettre aux fèces éloignées, de migrer vers le tuyau d’évacuation.
bonjour
installation très sophistiquée !
mais une question me taraude : comment l eau peut elle remontée par le tuyau d’évacuation en le positionnant à 2cm du fond? peut être en siphonnant une fois pour amorcer? cela suffit?
cordialement
Bonjour, Non pas de siphon. Et justement pour éviter le phénomène on installe un T en haut de la colonne ou bien on perce un trou dans le coude pour être certain que le système fonctionne par gravité. Pour comprendre, imaginez un seau qui se rempli en continu sous un mince filet d’eau. Au bout d’un certain temps il va déborder. Pour éviter qu’il déborde, perçons un trou à un cm du haut. L’eau sort par ce trou et ne déborde plus. Maintenant installons un tuyau avec un joint dans ce trou, équipé d’un T et avec un prolongement du tuyau jusqu’au fond du trou : l’eau continu à sortir par le trou. Et le haut du T sert de trop plein au cas où le tuyau se boucherait dans la partie basse.
Bonjour ,
Merci pour votre réponse rapide et Parfaitement bien expliqué !
Je vais donc pouvoir mettre mon système en place grâce a vous…j espère que le passage de l’eau par des gouttières en zinc exposées au soleil ne réchauffe pas trop celle ci sinon tout semble bien parti
Merci encore
Si je comprends bien, les gouttières en zinc servent à la circulation de l’eau et se substituent à l’habituel tuyau de plastique. Il faut absolument soustraire la gouttière à l’exposition au soleil avec un isolant tuyau ou en créant un coffrage complet avec isolant sur les 4 parois. Si le zinc est de bonne qualité, il ne devrait pas y avoir de toxicité, mais c’est un point à surveiller.
Bonsoir Jean-Claude,
tout d’abord félicitations pour votre installation et surtout pour votre blog très pédagogique!
Une question cependant : pourquoi ne pas avoir positionné le serpentin de refroidissement dans le bac tampon? Je me dis qu’ainsi il n’interfèrerait ni avec le déplacement des poissons (n’y a-t-il pas de risques de blessures?), ni avec la circulation des solides en suspension.
Bonjour Franck,
Merci pour votre retour.
Avec du recul, je pense que le serpentin de refroidissement aurait pu être positionné dans le bac tampon.
Avantages : pas de partie apparente à l’air , pas d’obstacles aux déplacement des fécès des poissons. (Je ne constate pas de blessures ou éraflures sur les truites : elles évitent l’obstacle sans difficultés).
Inconvénients : obligation de le positionner à plat, sur le fond, compte tenu de la variation du niveau d’eau. Les 12 m de tuyau se répartissent en spires plus serrées, j’ai eu peur d’une moins bonne efficacité par défaut de convection mais ce n’est pas certain du fait de l’action de la pompe qui met l’eau en mouvement toutes les demi-heures.
Bonjour Jean-Claude,
la vidéo est superbe et illustre parfaitement les propos. Bravo!
Merci.
bonjour jean claude,
merci beaucoup pour ton site,moi j’ai un petit système aussi, pas configuré pareil,les bac poissons est au plus haut,le tuyau d’évacuation a un coude en bas et se prolonge sur tout le fond ,il y a des fentes sur cette longueur qui permettent l’aspiration des solides.Peut-être une solution facile pour ton système?
sjakkie
Bonjour,
J’ai au début testé cette disposition. Mais comme le débit est faible, cela ne fonctionnait pas correctement. Merci pour la solution qui peut servir à d’autres.
Bonjour Jean-claude,
Merci !
Bonjour Jean-Claude !
Merci pour ces informations et la vidéo.
Le cuivre est pour la chaleur du bassin ?
Désolé pour mon incompréhension mais je ne saisi pas comment est faite l’aspiration.
Joël
Bonjour Joël, les tuyaux de cuivre servent principalement au refroidissement en été (température maintenue entre 18 et 20° cette année 2018 avec 25 € de dépense électrique pour la pompe nécessaire à la géothermie). La circulation de l’eau est présentée sur d’autres pages. L’eau est au point le plus haut dans le bac de culture. Elle s’écoule par gravité dans la fosse à poissons (eau recyclée), puis dans les filtres toujours par gravité, et enfin dans le bassin tampon où l’eau est reprise par une pompe vers le bac de culture.